L’habitat mobile, 1001 manières de vivre en voyageant.

Alors que le monde moderne s’est sédentarisé, les habitants des pays développés redécouvrent l’habitat mobile. Pour certains effet de mode, pour d’autres véritable remise en question d’un mode de vie trop éloigné de nos besoins physiologiques, le nomadisme se réinstalle dans nos vies. Les civilisations traditionnelles ayant échappé à la modernisation, elles, ont toujours connu un habitat mobile mais entament à leur tour le chemin de la sédentarisation. Les civilisations modernes se (re)nomadisent tandis que les civilisations traditionnelles découvrent le confort de la vie moderne.

Au cours de son existence l’être humain a été plus longtemps nomade que sédentaire. Pourtant nos modes de vie actuels n’ont plus rien à voir avec ceux que nous avons connus il y a des milliers d’années. L’habitat mobile est revenu en force fin du 20e siècle en Amérique du Nord et en Europe avec l’apparition du tourisme. Voyager pour le plaisir, quelle drôle d’idée ! Et pourquoi pas vivre en voyageant ? C’est ainsi que de nombreuses ingéniosités ont vu le jour pour permettre aux êtres humains de se nomadiser tout en gardant le confort de la vie moderne.

Je ne vais pas vous faire une définition scientifique d’un habitat mobile. Une maison mobile est une maison qui peut se déplacer et il en existe d’innombrables sortes. Traditionnellement, les habitats nomades peuvent se démonter, se transporter et se remonter ailleurs facilement. Aujourd’hui, les habitats mobiles les plus populaires sont évidemment les maisons sur roues, la plupart du temps attelées à des véhicules motorisés. L’impact écologique de ce nouveau mode de vie est de ce fait controversé.

La yourte (yurt, ger) a été inventée par les populations autochtones des régions sèches et déboisées d’Asie centrale. Les turcs, mongols et wakhis se sont emparés de cet habitat mobile entièrement démontable pour pouvoir se déplacer au rythme des bêtes dans les pâturages. Au centre, un poêle alimenté par du crottin de cheval séché avec une ouverture dans la partie supérieure pour permettre d’évacuer les fumées. La yourte peut abriter toute une famille de nomades. On ne la retrouve que très peu en Europe notamment car la yourte traditionnelle n’est pas adaptée au climat humide.

Les tipis sont nés en Amérique du Nord, dans un climat très sec similaire à celui d’Asie centrale. De l’autre côté de la planète, les êtres humains ont donc développé un habitat totalement similaire à celui de la yourte sans le savoir. Une structure en bois recouverte de peaux d’animaux, formant un espace rond avec en son centre, un feu de bois et une cheminée. Les tipis ont malheureusement disparu avec les populations amérindiennes sous l’effet de la colonisation. En Europe, les tipis font essentiellement partie d’un folklore touristique et sont catégorisés d’habitat “insolite”.

Alors que l’on associe aisément la roulotte aux westerns américains, la première roulotte serait apparue en France au début du 19e siècle. Les premiers itinérants européens tels que les tsiganes, les forains, circassiens et bergers habitaient dans des roulottes tirées par des chevaux. Ces modes de vies difficiles ont disparu avec les nouvelles générations et l’apparition de la vie moderne. Aujourd’hui, la mythique roulotte n’a plus que sa place dans les musées, livres, films et séries. Certains marginaux tentent encore d’en faire un mode de vie, parcourant villes et campagnes à la simple force de leurs chevaux, je pense notamment à la Famille Moine et son autre vie.

Les Tiny-houses pourraient faire l’objet d’une rubrique à part entière mais je résiste pour garder une place équitable à chaque type d’habitat. Comme tout phénomène de mode, les tiny-houses ont véritablement trouvé leur place sur la toile, notamment sur les réseaux sociaux. Pourquoi ? Parce qu’elles sont devenues une nouvelle forme de vie moderne très attrayante. Dans leur chaîne Youtube Tiny House Livingston, Yunaë et Jonathan en font une approche très complète.

Ces véritables maisons modernes sur roues sont apparues aux Etats-Unis au début des années 2000. Le mouvement “Tiny House” a été largement stimulé par la crise financière et immobilière de 2008 tout en représentant une alternative au “Bigger-is-better” américain. Ces petites maisons mobiles permettaient d’aller vivre proche de son travail et d’être plus économe en ressources et en énergies. Depuis, le mouvement s’est étendu à l’Europe, à l’heure où le minimalisme, l’écologie et la nomad-life sont à la mode. Les réglementations européennes étant différentes de celles des Etats-Unis, elles n’ont pas pu s’implanter aussi facilement. 

A la campagne ou en forêt, et pourquoi pas, en camping, dès lors que l’on est propriétaire d’un petit lopin de terre, il est tentant d’envisager de vivre dans un petit habitat sur son terrain, son champ ou ses bois, pour tenter l’expérience de l’autonomie. Attention cependant à bien se renseigner sur les réglementations avant, car une mauvaise surprise est vite arrivée. Même si certains tentent l’aventure d’en habiter une à l’année, les caravanes restent souvent des habitats de vacances pour une courte durée.

Symbole de l’arrivée des congés payés et des premières vacances en famille accessibles au plus grand nombre, la caravane a crée beaucoup d’émotions. Passionnés et collectionneurs se regroupent pour échanger lors de leurs voyages en caravane. Par exemple, le Rétro Camping Club de France est une association ayant pour but de créer des liens amicaux entre tous les amateurs de matériel de camping ancien et authentique et de perpétuer la conservation et l’utilisation de ce matériel.

La caravane extensible de Roland.

C’est dans le cadre du concours CABINOS que le créateur d’Habiter Autrement, architecte, a imaginé cette caravane extensible en 2003. Un appendice léger rabattable lors d’un éventuel déplacement, formant aussi sas d’entrée permet d’agrandir la salle de bain et la chambre sur toute la largeur. L’idée de vivre dans une caravane n’a jamais quitté Roland depuis.

Le terme de mobile home vient des Etats-Unis car ils ont été les premiers à concevoir ce type d’habitat qui ont très vite vu le jour dans le reste du monde. Cette forme d’habitat est un dérivé de la caravane conventionnelle, pour servir de maison de campagne temporaire ou secondaire. Les mobiles home, tout comme n’importe quelle cabane vouée à être déplacée, sont construits en usine sur des châssis remorquables. Aux Etats-Unis ce mode de vie en a séduit plus d’un, des communautés entières sont nées. Le moindre coût de ces habitats en font un habitat considérable pour les ménages à faibles revenus. En Europe, elle est surtout utilisée comme habitat secondaire de vacances.

La loi ALUR, adoptée le 20 février 2014 a permis de faciliter l’implantation de toutes les formes d’habitats alternatifs. Tous les types d’habitats mobiles que nous venons de voir ont un cadre réglementaire commun : la législation sur l’habitat léger, mobile ou démontable. Peut-on installer une roulotte, une tiny-house, une caravane ou un mobile home dans son jardin ? La loi distingue le stationnement temporaire et annexe à la résidence du stationnement durable.

Le principe fondamental est simple : tout le monde a le droit d’installer un habitat mobile sur son terrain, mais en cas d’installation prolongée il faut respecter certaines règles. Le code de l’urbanisme (Art R421-23) stipule que toute installation supérieure à 3 mois par an doit obligatoirement faire l’objet d’une déclaration préalable (si moins de 20 m2) ou d’une demande de permis de construire (au delà de 20 m2) à la mairie.

La loi ALUR est une loi française, chaque pays a ses propres réglementations parfois uniformisées par l’Union Européenne mais pas toujours. Avant toute construction, n’hésitez pas à vous renseigner directement auprès de votre mairie.

Construire sa propre maison mobile est une possibilité plus économique que de nombreux passionnés choisissent. Les mythiques combis de Volkswagen réaménagés en vans ne passent jamais inaperçu, une famille en a même fait un van électrique. Les astuces et guides pour aménager un fourgon en camping-car se font de plus en plus nombreuses sur internet, Voyage à plein temps en recense quelques uns. Le plus important est de déterminer le besoin. Maximiser l’espace et le confort dans un véhicule le plus petit possible n’est pas chose aisée. C’est surtout une affaire de temps, de moyens, de volonté et… de compromis.

Avec l’absence de parties usinées, construire une cabane sur châssis ou Tiny-House est accessible à toute personne bricoleuse et determinée. Tout est question de budget, de connaissance et d’investissement. Il y a une quantité monumentale d’informations disponibles sur le sujet, dans toutes les langues. Pour commencer, nous vous proposons la chaîne Youtube de Lars Herbillon, qui raconte et documente l’auto-construction de sa Tiny-House. Il est aujourd’hui installé sur un terrain en Alsace, France.

Avec l’apparition du métier de Youtubeur, vivre de sa vie de voyage a commencé à faire rêver plus d’un, moi y compris. Les Artisans de Demain ont réussi à vivre de leurs vidéos de voyage inspirantes et documentées, qui nous font découvrir notamment les pays du Moyen-Orient. En allemand, on peut suivre les aventures de Mogli et Balu, un voyageur et son Camper-Van. D’autres manières de vivre du voyage sont possibles grâce au Wwoofing, ou en s’engageant dans une ONG. Vivre en voyageant reste une voie qu’une minorité de personnes empruntent car c’est un mode de vie difficile à mener qui peut ne pas convenir à tout le monde.

L’habitat mobile invite au voyage, de ce fait il devient souvent un habitat minimaliste. Qui a envie de partir en voyage avec ses cartons de déménagement ? Vivre en voyageant est un mode de vie difficile, qui nécessite des compromis et qui attire une minorité de personnes passionnées par la découverte du monde. Habitat et mode de vie sont étroitement liés, c’est pourquoi je vous invite à explorer la rubrique sur l’habitat minimaliste.