© Photo Tom Chance

BedZED, le premier et le plus grand éco-quartier britannique.

Habitat autonome, Habitat collectif

En 1996, la ville de Sutton, un district situé au sud de Londres, a pris l’initiative de développer un quartier environmentally friendly le plus autonome possible. De cette initiative est né BedZed – Beddington Zero Energy Development – le premier et le plus grand éco-quartier britannique. L’un des objectifs du quartier de BedZed est de démontrer qu’il est possible de concilier écologie et mode de vie confortable, le niveau de vie des résidents étant plutôt élevé. Un projet pionnier en termes d’habitat collectif écologique que l’on peut visiter aujourd’hui.

Revaloriser le concept de boucle locale.

Nom de code pour Beddington Zero (fossil) Energy Development, BedZed a été créé de toutes pièces en 2002 au sud de Londres sur une ancienne friche industrielle. Il compte aujourd’hui 250 habitants, logés dans 85 logements. BedZed regroupe aussi 2500 m² de bureaux ainsi qu’une crèche. Là-bas, l’essentiel des matériaux de construction provient des 50 km alentour afin de limiter le transport, et donc les émissions de CO2. BedZed a été conçu pour être autosuffisant en matière énergétique grâce à une centrale à cogénération installée sur place. Faute de moyens ou de main d’oeuvre, la centrale ne fonctionne plus aujourd’hui. Trop ambitieux ?

Les concepteurs Pooran Desaï et Sue Riddlestone sont des pionniers dans le concept de boucle locale dans le monde moderne. Leur idéologie, quelque peu utopique, mais pas irréaliste, consiste à démontrer qu’un changement d’approche peut permettre de proposer aux individus des modes de vie compatibles avec les enjeux du développement durable : BedZed est ancré dans la durabilité, basée sur l’utilisation des ressources disponibles localement et une approche intégrée du bâti et des infrastructures.

Zéro énergies fossiles.

Les espaces de vie sont en partie chauffés grâce à des panneaux photovoltaïques. Récupération des eaux de pluie et sanitaires et transports verts sont également la règle, sans parler des jardins suspendus que l’on retrouve sur les toits des immeubles. Rien n’a été laissé au hasard, comme la location de voitures électriques dont les batteries sont rechargeables aux bornes situées en pied d’immeubles ou comme la moquette bio des appartements. Au final, BedZed consomme 56 % d’énergie en moins qu’une ville construite à la même époque.

Un autre domaine dans lequel BedZED s’avère extrêmement performant est le traitement des eaux. Les toits sont en effet recouverts de sédum, une plante perméable qui permet à l’eau de s’écouler dans des fosses filtrantes, limitant ainsi les pertes. De plus, des procédés tels que des chasses d’eau à double débit, des robinets réglables et des appareils électroménagers écologiques ont contribué à ces substantielles économies d’eau. Aujourd’hui, la quasi totalité des logements sont conçus avec ce genre d’appareils grâce à des projets pionniers comme BedZed.

Une organisation et un mode de vie écologiques.

Selon la brochure promotionnelle de BedZED, les résidents sont supposés vivre de manière durable, c’est-à-dire en utilisant raisonnablement les ressources naturelles dont ils disposent, mais aussi et surtout en communauté. En effet, en optimisant les transports, le ménage, la cuisine et les achats, la pollution est considérablement réduite. En d’autres termes, mieux vaut utiliser une voiture pour quatre résidents qu’une voiture chacun. De ce fait, un service de covoiturage – avec des véhicules électriques, cela va de soi – a été mis en place. Les véhicules peuvent être réservés sur internet, l’objectif étant de rentabiliser au maximum les trajets. 

Le mode de consommation des habitants de BedZEd diffère donc considérablement du notre. Pour preuve, 86% des résidents achètent des produits biologiques, tandis que 39% d’entre eux cultivent leurs propres fruits et légumes. Ce ne sont donc pas que des habitudes « bobo-bonne conscience ». A BedZED, l’écologie n’est pas un luxe, elle est un principe de vie. Enfin, l’accent est mis sur le tri des ordures ménagères, ce qui était encore très rare en Angleterre. L’éco-quartier a mis en place le fameux code-couleur pour 4 poubelles distinctives, permettant la réutilisation de certains déchets sous forme de composte.

BedZed a également créé son propre organisme d’échange de vêtements entre résidents. Ceux-ci pouvaient déposer les affaires dont ils ne voulaient plus, pour les troquer contre celles de leurs voisins. Mais cette alternative concrète aux phénomènes de mode, symbole s’il en est de la surconsommation, n’a pas franchement séduit.

Trop beau pour être vrai ?

Malheureusement, les innombrables bonnes intentions qui faisaient de BedZED un quartier révolutionnaire à ses débuts ont progressivement été abandonnées. Le centre d’échange de vêtements, tout comme les achats en groupe et les lessives en commun appartiennent désormais au passé. Peu pratiques et demandant des efforts logistiques considérables, ces idées ont été rapidement rangées dans la boîte à souvenir qu’est devenu BedZED. Mais est-ce vraiment une surprise ? Après une journée de travail, qui serait prêt à aller manger dans une cantine à la décoration plus que douteuse avec tous ses voisins ? L’irrésistible confort du « chez soi » et le triomphe de l’individualisme sont une réalité… même à BedZED.

D’autres projets ont tout simplement été abandonnés en raison de leur manque de rentabilité. C’est le cas du système de traitement des eaux à base de plantes. Celles-ci permettaient de réutiliser les eaux usées pour les chasses d’eau à moindre coût – ou du moins le croyait-on – car les frais de structure et d’exploitation se sont révélés exorbitants, conduisant à sa mise hors service.

Enfin, un autre défaut majeur de BedZED est sa situation géographique. Situé à une heure et quart de Notting Hill (après un trajet en métro, tramway, puis bus) le quartier ne permet pas à ses résidents de n’utiliser que les transports en commun. Ce n’est donc pas étonnant de voir le parking comporter près de 80% de voitures à essence. Dans la mesure où les centres villes agissent comme des aimants sur nos activités professionnelles, culturelles, familiales, BedZED reste un quartier éloigné du cœur londonien.

Malgré les quelques désillusions, BedZed est un éco-quartier pionnier de l’habitat collectif et écologique. Fonctionnel, il offre une grande qualité de vie à ses habitants et une ouverture vers la communauté. Le projet démontre qu’une autre manière de construire est possible, même à l’échelle d’un quartier. Pour s’en inspirer, des visites du quartier sont organisées. Il ne reste qu’à tirer les leçons de BedZed pour faire encore mieux, partout dans le monde.

Visiter Bedzed :

L’entrée à BedZED est gratuite.
Ouvert : de 9h30 à 17h, Lundi au Vend. hors jours fériés.
Adresse : BedZED Centre, 24 Helios Road
Wallington, Surrey SM6 7BZ

Des visites guidées payantes sont organisées par BioRegional Development.