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Patrick et Brigitte Baronnet, pionniers de l’autarcie en France.

Habitat autonome

Pionniers de la vie en autarcie, le couple Baronnet a expérimenté l’habitat autonome après une remise en question du mode de vie occidental citadin actuel. Cet article écrit par Yan Gauchard et publié en 2007 reste d’actualité. 

La modeste maison de Patrick et Brigitte Baronnet.

C’est une bâtisse discrète, en pleine campagne, à 10 km de Châteaubriant dans le Loire-Atlantique, en France. Dans ce lieu-dit « Grosbouc », à Moisdon-la-Rivière, l’œil du visiteur est seulement accroché par l’éolienne plantée dans le jardin – 18 m de hauteur et 5 m d’envergure tout de même. C’est une maison comme les autres, acquiesce Emile Marion, 77 ans, maire de Moisdon depuis 1995 et élu depuis 1965. Finalement, la maison autonome fait plutôt parler d’elle à l’extérieur. 

Les propriétaires des lieux, Patrick et Brigitte Baronnet, ont définitivement dit adieu aux factures d’eau et d’électricité depuis treize ans. Compteurs remisés aux oubliettes, pour acquérir une vraie autonomie financière, mais aussi par conviction écologique, ou plus exactement citoyenne. Pour autant, la vie n’est pas devenue ascétique. On n’est pas revenu à la bougie. Ici, on a la télé, un ordinateur, l’ADSL ! Photopiles, éoliennes, chauffe-eau solaire assurent l’autonomie de la famille.

Un changement de vie progressif.

La révolution ne s’est pas faite en un jour. Le couple achète la maison en 1976 pour 40 000 francs (6 100 euros). A l’époque, l’habitat, vétuste, mesure 50 mètres carrés. On l’a rénovée avec nos neurones et nos petites mains : terre, chanvre et paille en guise de matières premières. Mais la conception de la maison autonome n’a rien à voir avec un délire de baba cool, martèle Patrick Baronnet. La seule référence politique admise, c’est René Dumont, premier candidat écologiste à la présidentielle en 1974. 

Nous avons vécu longtemps à Paris avant d’être mutés ici, comme enseignants. Vers l’âge de 20 ans, nous avons pris conscience de la surconsommation d’énergie. La course à la croissance, c’est une véritable folie, qui nous emmène à la mort. Mais, quand on énonçait un tel propos à l’époque, on passait pour un illuminé ! En se mettant au vert, Patrick et Brigitte Baronnet ont expérimenté leurs idées à domicile, avec leurs quatre enfants.

Première résolution : la chasse au gaspi. La première source d’énergie, c’est celle que l’on ne dépense pas, affirme M. Baronnet. On a passé en revue tous les postes énergétiques d’une vie quotidienne et on n’a gardé que l’essentiel, tout en réfléchissant à des techniques alternatives… Traduction : une douche, c’est 5 litres maximum. Les robinets s’actionnent à coups de pédales, pour couper court à toute dilapidation. L’eau est guidée du toit vers deux citernes enterrées, 800 litres au total.

Le cercle vertueux.

Pas question de gâcher 10 à 15 litres de flotte pour la chasse d’eau. Patrick et Brigitte Baronnet ont opté pour les toilettes sèches, un système de litière de copeaux de bois. Inodore et économique, le tout finit en compost. Une opération qui nécessite 10 minutes par semaine, mais grâce à laquelle on obtient le meilleur engrais du monde. Pas de tout-à-l’égout ni de station d’épuration, donc, mais quatre bassins d’épuration des eaux usées par l’action biologique de plantes. On envoie nos analyses à la direction départementale des affaires sanitaires et sociales, et il n’y a jamais de souci.

Cercle vertueux : le jardin – 250 m2 – couvre plus de la moitié des besoins alimentaires de la maison. Plus besoin, évidemment, de réfrigérateur ni de congélateur. Pour conquérir son autonomie énergétique, la famille Baronnet a d’abord installé des photopiles tournantes (2 220 euros les 6 m2), complétées par un chauffe-eau solaire. Faute de solution dans le commerce – on était alors en 1997 -, Patrick Baronnet s’est ingénié à élaborer, avec un ami, un prototype d’éolienne. L’engin affiche une petite puissance de 400 W.

Ce n’est pas la puissance qui compte mais la quantité d’énergie fournie en un an. On a choisi une éolienne « vent faible » qui profite de la plupart des vents de la région. Elle tourne dix à douze heures par jour. Des batteries permettent de stocker le surplus d’énergie produit, ce qui nous laisse une autonomie de quatre à cinq jours s’il n’y a ni soleil ni vent. C’est arrivé deux fois en dix ans.

Une réussite méritée.

L’énergie est garantie sept mois de l’année par le solaire, deux mois par l’éolien. Le reste du temps, un poêle associé à un bouilleur fait l’affaire, nécessitant l’achat de 400 euros de bois par an. A l’arrivée, on consomme dix fois moins d’eau et d’électricité que la moyenne des Français et… la gratuité est totale. Prix de revient final de la maison : moins de 35 000 euros, sachant que je n’ai quasiment pas eu recours à des artisans, précise M. Baronnet.

Désormais, Patrick et Brigitte Baronnet vivent de leur « art ». La visite de leur maison est payante – 70 000 personnes en dix ans ! -, de même que les conférences et les stages de construction qu’ils proposent. Un prototype de « maison autonome » à moins de 25 000 euros a poussé dans le jardin. On nous regardait comme des doux rêveurs, des crétins utopistes, aujourd’hui, on nous déroule le tapis rouge !

L’Oasis de la Maison Autonome

L’Oasis de la Maison Autonome est l’association crée par Patrick et Brigitte Baronnet. Formations, stages, visites, activités et festivals sont organisés sur leur lieu de vie, où ils livrent leur expérience d’une vie en autonomie depuis plus de 40 ans.

La Maison Autonome
Gros-Bouc Route de Louisfert

44520 Moisdon la rivière
maison.autonome@orange.fr