L’habitat minimaliste, un habitat léger pour retourner à l’essentiel ou pour s’abriter d’urgence.

Des micro-maisons, des cabanes pour rêver, des bâtiments étroits, sont autant d’espaces minimalistes comme choix de mode de vie dans une recherche de simplicité. Mais le minimalisme n’est pas un choix pour tout le monde. Abris précaires, cabanes éphémères sont également des aménagements minimalistes pour le logement d’urgence. 

La cabane, petite maison le plus souvent en bois, habitation médiocre ou cahute (cf. Larousse) est sans doute l’habitat minimaliste le plus populaire. Dès l’Antiquité, la cabane est considérée comme un modèle à l’origine de l’architecture. Mais c’est au 18e et au 19e siècle que se développe le mythe de la cabane, symbole de l’état de nature cher au philosophe Jean-Jacques Rousseau. La cabane ou la micro-maison est incontestablement dans l’esprit du temps, elle s’intègre à merveille dans cet engouement vers un retour à la nature, un besoin de se ressourcer, de revenir à l’essentiel. La cabane est davantage une aventure mentale, un lieu psychique qu’une construction architecturale. 

Il existe deux images très contrastées de la cabane. La première est celle d’un logement à peine digne de ce nom, insalubre, étroit, réservé à des hommes pauvres aux professions solitaires et nomades (pêcheurs, bergers) ; la seconde est celle d’un idyllique cocon retranché dans lequel les enfants viennent se lover, se cacher, se raconter des histoires et fuir la réalité contraignante des adultes. Entre les deux, il y a la cabane réelle : une habitation terre à terre, un lieu de retour à soi, où logement ne veut plus dire artifice et où le rêve peut rejoindre la simplicité.

À côté de nos maisons qui doivent, en partie, leur structure et leur esprit au modèle de la cabane, il existe d’innombrables cabanes dites utilitaires. Certaines doivent leur existence à la pratique d’un métier, comme la cabane des bûcherons, de vignerons et des bergers, et aujourd’hui surtout les cabanes de chantier. Véritables maisons mobiles déplaçables au gré des travaux, elles servent d’abris, de cabines de déshabillage, de cantines ou de bureaux sur les chantiers des routes en construction ou au cœur des villes. D’autres cabanes utilitaires sont dédiées aux loisirs, la cabane à outils du jardinier, en général aménagée au fond du jardin, ou encore le refuge de haute montagne, protection des randonneurs.

Mais dans de nombreux pays du monde, la cabane reste l’habitat traditionnel. La case africaine traditionnelle peut-être une hutte tressée en forme de dôme ou une construction de paille et de latérite mêlées. En Indonésie, on retrouve des constructions sur pilotis fréquentes dans les îles du Pacifique, et tant d’autres. 

En Europe, la cabane en tant qu’habitat n’a pas tout à fait disparu. Même si nous avons souvent l’image de la cabane en bois en tête, traditionnellement les cabanes en pierres sèches étaient plus courantes en Europe. Pour les architectes du 20e siècle, la cabane est un modèle de fonctionnalité et de simplicité. Ils s’en inspirent pour renouveler le langage de l’architecture. Pionnier dans l’idée d’une architecture simplifiée, le designer Philippe Starck a conçu une maison de bois à monter comme un jeu de construction. Dans un univers totalement différent, les cabanes s’imposent toujours comme habitat pour des communautés souhaitant tendre vers une vie en accord avec leurs valeurs.

Un habitat léger est un habitat dont l’impact sur les sols et l’environnement est minimisé (pas de béton ni d’imperméabilisation des sols). Parmi eux on retrouve tous les habitats mobiles (roulottes, yourtes, tiny houses et caravanes) mais on pourrait également y classer les maisons containers, pas si légère que ça, mais déplaçables et à faible impact environnemental.

Lorsqu’on parle d’habitat léger on peut également parler d’habitat réversible, définit par un habitat léger qui peut être démonté ou déplacé facilement. De plus en plus de terrains sont accessibles à ce type d’habitat (constructibles et parfois non-constructibles sous certaines conditions) et l’installation sur un terrain non constructible est possible, sous couvert d’autorisation. L’installation en habitat léger ou réversible s’inscrit dans une démarche de sobriété, respectueuse de l’environnement et du vivant.

Construire à partir de containers déjà existants est un exemple d’architecture minimaliste et écologique puisque le principal matériau est issu du recyclage. Un container (ou conteneur) est un cube que l’on peut moduler à souhait. Cette modularité et la simplicité de mise en œuvre en font un outil idéal pour l’autoconstruction. Les containers ISO de transport maritime sont des modules idéaux pour l’habitat car ils sont par définition modulaires, autoportants, résistants. Il est préférable d’utiliser des containers 40 pieds High Cube, pour leur hauteur sous plafond plus conséquente, mais il est tout à fait possible de varier les tailles pour créer des espaces plus complexes. Il faudra alors travailler les assemblages pour garder leurs propriétés résistantes.

L’habitat mobile, par sa raison d’être, est un habitat minimaliste. Difficile de déplacer son four et sa baignoire. Et surtout, pourquoi faire ? Le minimalisme est avant tout une architecture de vie. L’enjeu de ces habitats mobiles est de retrouver tout le confort d’une vie moderne dans un espace restreint pouvant subir les aléas du transport. Les matériaux sont donc importants, ainsi que l’optimisation de l’espace. L’architecte doit parfois faire preuve d’inventivité exceptionnelle et de virtuosité technique pour réaliser cette intégration de l’un à l’autre. Parmis ces habitats mobiles minimalistes on retrouve les caravanes, les camping car et les Tiny Houses. Pour plus de détails sur ces types d’habitats, je vous invite à consulter la page de l’habitat mobile.

Si les architectes du 20e siècle cherchent à construire simplement, en utilisant au mieux les nouveaux matériaux à leur disposition dont l’un des mérites est leur industrialisation (charpentes métalliques, modules de béton armé…), c’est parce que la demande de logements augmente de façon exponentielle. Or, au début du 21e siècle, beaucoup vivent encore dans des conditions inacceptables, parfois dans des abris précaires dénués de tout confort. En dix ans, le nombre de personnes sans domicile fixe a doublé. Face à une croissance du parc immobilier, le “logement d’abord” peine à se généraliser, laissant des milliers de personnes vivre dans la rue.

Dans le cadre du logement pour tous, l’habitat minimaliste a toute son importance. En effet, il n’est pas facile pour les personnes vivant dans la rue d’en sortir. Selon Edouard Gardella, sociologue et membre du réseau “aux frontières du sans-abrisme”, environ 4% des personnes sans domicile refusaient durablement l’hébergement d’urgence en 2018 à Paris. La promiscuité, le manque d’intimité, l’hygiène et l’absence d’autonomie rendent l’expérience des logements d’urgence collectifs difficile. Les habitats minimalistes individuels sont de ce fait plus adaptés à un retour vers un habitat durable. 

Par son minimalisme, sa simplicité d’installation et son confort, les Tiny Houses sont devenues des logements idéaux pour les personnes ayant été habitués à la rue. Avec un bail précaire, la Tiny House permet aux personnes concernées de réapprendre à habiter, à leur rythme, sans se laisser dépasser. Par exemple ce projet de logements d’urgence construits par des jeunes de Seattle montre que c’est un concept populaire aux Etats-Unis. A Cologne, en Allemagne, des minis-maisons pour sans abris ont également vu le jour. Par leur simplicité et leur modularité, les maisons containers ont les mêmes avantages pour le logement d’urgence, comme le montre le projet Eureka à Genève, en Suisse.

De manière encore plus minimaliste, des bricoleurs volontaires et engagés construisent également des abris ou petites habitations pour les personnes dans la rue.  Alors que les hébergements d’urgence gérés par des associations sont de véritables accompagnements dans une réintégration sociale, ces abris précaires permettent aux sans abris de survivre dans la rue.